« Les Jacques » 2018 – IGP Comtés Rhodaniens : un partage en compagnie du Château des Jacques !

chateau des jacques les jacques 2018

Résumons-nous !

La prophétie est en marche

Même si ce n’est pas encore annoncé sur twitter ou BFM TV, il se dit dans les milieux autorisés que la fin du monde a été reportée à plus tard. Ouf ! Les prophètes de tous poils promettent de faire mieux la prochaine fois. Cela étant, il n’est jamais inutile de se préparer au pire, d’anticiper, de prévoir.

Le Château des Jacques est de cette obédience. De celle qui observe, écoute, réfléchit. Se questionner face aux changements du monde comme impérieuse nécessité. Ainsi, l’humilité face à la nature ne serait pas une démarche idéologique mais une approche empirique et pragmatique qui animerait très probablement tout vigneron de qualité. Au Château des Jacques, on perçoit l’intérêt vital de concevoir un sol (ici granitique), une plante (notre Gamay) et les levures au côté de l’homme pour accomplir le miracle harmonieux du « bon vin ».

Un Bourguignon au cœur du Beaujolais

Une boussole devenue folle ?

Le Château des Jacques est situé à Romanèche-Thorins, en plein cœur des Crus du Beaujolais et plus spécifiquement du cru « Moulin à Vent ». Nous sommes là sur la partie nord du vignoble beaujolais. Ce sont 79 ha de vignes (ce qui est très conséquent pour le Beaujolais) qui se répartissent principalement sur les crus Moulin à Vent, Fleurie et Morgon. Excusez du peu. Le qualitatif s’annonce au sortir de ces simples noms. Le domaine propose aussi quelques beaujolais blancs. 9 ha de Chardonnay y sont ainsi consacrés sur « Clos de Layse ».

Au-delà de ces considérations de taille (qui avouons-le, malgré ce qui se dit, fait toujours son petit effet), ce qui retient l’attention dans ce domaine c’est surtout sa touche bourguignonne. En 1996, le domaine est racheté par la Maison Louis Jadot, célèbre maison bourguignonne s’il en est.

Être ou na pas être prophète en son pays ?

Au-delà de ce titre de propriété, il est indispensable de signaler une vinification pour le moins originale sur ces terres beaujolaises. En effet, au Château des Jacques, on égrappe (ou érafle, les deux termes ont le même sens et signifient que l’on enlève la rafle, la partie liégeuse de la grappe), et pas qu’un peu : à 100 % ! Cela étant, nous sommes en France. L’exception n’est jamais bien loin. Et puis il s’agirait tout de même de bien s’implanter dans le paysage local et de respecter les traditions ancestrales de nos hôtes.

C’est l’occasion de rappeler ici que la tradition beaujolaise est de vinifier en grappe entière, non éraflée. Diable, un des fleurons des crus du Beaujolais s’autorise à se détourner de la pratique locale. Pire, à imiter le célèbre voisin ; historique ennemi. 

Prendre son temps pour bien faire les choses

Poursuivons notre compréhension de la vinification pratiquée au Château des Jacques. Choix est fait de travailler sur la longueur. Les fermentations s’étalent entre 18 et 25 jours. C’est une fourchette haute au regard de ce qui se pratique chez bon nombre de vignerons en Beaujolais. Il n’y a pas d’ajouts extérieurs. Le naturel est requis. Le respect de l’environnement se fait jour, de plus en plus.

L’élevage est plus classique dans sa réalisation. Cuve béton et fût sur environ 10 mois. Voilà ce qui attend notre jus de gamay pour qu’il devienne un précieux nectar. Il s’assagira ainsi sur ses lies fines.

Un exploit de sportif

Cyril Chirouze est désormais chef d’orchestre à la manœuvre depuis 2015. L’homme aimant la course à pied, il n’est pas exclu de penser qu’il trouve un bon terrain d’entraînement au milieu de ses 79 ha. On devrait ainsi le retrouver en bonne place dans le classement du Marathon du Beaujolais qui se déroule en Septembre de chaque année.

Sans ça, l’homme aime à donner du volant. Celui léger qui vole haut et va vite. En effet, le Badminton est aussi une passion sportive qui anime Cyril. Signalons enfin, que comme tout homme à la recherche de la maximisation de son plaisir, notre sportif n’en est pas moins gastronome. Les fourneaux après les chais…

Et maintenant au goulot

Une Syrah ? Qui l’eût cru ?

Nous l’avons déjà évoqué plus haut, le Château des Jacques est par bien des aspects un domaine atypique dans le Beaujolais : grande taille, propriétaire bourguignon, vinification en égrappant, et maintenant…une Syrah dans nos crus.

D’où vient donc cette idée de proposer une cuvée de Syrah « Les Jacques » 2018 – IGP Comtés Rhodaniens ? Le réchauffement climatique est passé par là. En 2015, décision est prise de planter des vignes de Syrah sur une parcelle de « Rochegré » et une en dessous de « La Roche » ; deux lieux-dits emblématiques du Cru Moulin à Vent.

Le ramassage a eu lieu deux à trois semaines plus tard que notre traditionnel Gamay. La macération a duré deux semaines dont 1/3 s’est faite en grappe entière. Voilà notre petite touche beaujolaise de retour. L’élevage s’est lui aussi déroulé sur 10 mois en fûts (50 % neufs, 50 % usagés de deux vins). Il en est ainsi pour les considérations historico-techniques de notre ami du jour.

On dirait le Sud…ou pas…

La magie de la poésie filtre parfois par les pores de l’inattendu et de l’audace. Cette cuvée en est témoin. Elle ne réfute pour autant pas un certain classicisme dans l’harmonie olfactive. Des notes d’épices, de poivre, de fruits noirs à fraîche maturité, de verte garigue sont à l’œuvre. L’ensemble converse sans s’égosiller ou s’époumoner. Le respect de l’autre s’entend. Le bois n’est pas absent. Il témoigne sa présence mais sans jouer les lourdes incartades de mauvais garçon. Il reste à sa juste place et entend donner cette petite touche masculine virile au beau milieu de ces effluves graciles.

Séduction oblige, la chose se poursuit en bouche. C’est de bonne grâce qu’elle sait si bien se prêter au plaisir. Notre Syrah, sous des airs parfois faciles et grossiers de la vallée du Rhône, joue ici le contrepied. Après le sourire aguicheur, c’est son soyeux drapé de mousseline qu’elle retire pour mieux nous y enfermer. Cette texture délicate, fine et fraîche tapisse le palais dans une simplicité et une gourmandise du plus bel effet. La bouche est ample, digeste, gourmande. C’est plaisant, on se laisse emporter sans résistance.

Puis vient le moment des adieux. La chose est plus déchirante. Des tanins un peu serrés, accrocheurs et secs s’expriment. Jalouse, une once de verdeur tente de s’incruster à l’affaire mais reste heureusement sur le pas de la porte.

La robe de notre Syrah nous aura marqué par sa noirceur. Le noir amincit. 13 % vol. s’affiche sur l’étiquette (c’est peu, comparativement aux Syrah du Rhône). Telles des petites taches de rousseurs sur une peau laiteuse, ce sont des reflets de pourpres éclatants qui ressortent en séduction comme témoins de jeunesse.

Cette cuvée mérite la découverte. Elle offre à celui qui sait l’écouter un agréable moment. La conversation est érudite, mais accessible et plaisante. Une réussite pour une première.

Et c’est ainsi que le Beaujolais est grand !

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