Tout savoir sur le Beaujolais nouveau !

Beaujolais-nouveau

Beaujolais Nouveau, de quoi parle-t-on ?

Définition

Le Beaujolais primeur et/ou Beaujolais Nouveau est un vin rouge ou rosé frais à base de Gamay, friand, léger, gouleyant et fruité. Il est destiné à une consommation rapide, dans les mois qui suivent son élaboration. On trouvera donc :

  • Des Beaujolais Nouveaux rouges et rosés
  • Des Beaujolais villages Nouveaux rouges et rosés.

Il n’y a pas possibilité de faire de Beaujolais Nouveau pour les 10 crus du Beaujolais. On ne peut donc pas trouver sur les étiquettes : Morgon Nouveau ou Fleurie Nouveau ou Brouilly Nouveau, etc…

Le Beaujolais Nouveau est finalement plus un style de vin que véritablement une appellation, et ce, même s’il répond à un cahier des charges très strict. Il n’a pas de territoire propre. Concrètement, les vins d’appellation Beaujolais ou Beaujolais villages peuvent être complétés de la mention « Nouveau » ou « primeur ».

En quelques chiffres

Le Beaujolais Nouveau :

  • Représente environ 20 % de la production totale du vignoble
  • 160 000 hl sont consommés chaque année
  • Plus de 50 % part à l’exportation dans plus de 100 pays du monde
  • 2/3 des vins Nouveaux sont regroupés sous l’appellation Beaujolais (et donc le 1/3 restant sous l’appellation Beaujolais villages).

L’élaboration

Une histoire de goût

Le Beaujolais Nouveau est bien souvent associé au fameux goût de banane (dit amylique pour faire plus savant). De quoi s’agit-il en fait ? Ce goût de banane provient de l’acétate d’isoamyle (c’est son petit-nom scientifique). C’est tout simplement un ester qui est naturellement libéré durant la macération semi-carbonique. Comme nous allons le voir plus bas, cette technique est celle qui est utilisée pour l’élaboration de notre vin.

L’INRA créa dans les années 1970 une levure sèche, la 71B, dite aromatique, pour renforcer ce goût de banane. Notre ami Georges Duboeuf (célèbre négociant du Beaujolais qui fit beaucoup dans le développement festif, commercial et marketing du Beaujolais Nouveau), aimait beaucoup cet arôme. Il décida de le populariser en demandant à ses vignerons-fournisseurs de l’utiliser.

Progressivement, avec le Beaujolais Nouveau, on a voulu proposer au consommateur une qualité régulière, standardisée. Cela avait pour conséquence de gommer tout effet millésime.

La macération semi-carbonique

Il s’agit de la méthode d’élaboration traditionnelle du Beaujolais Nouveau. Vous pouvez vous reporter à notre article dédié à la macération semi-carbonique pour plus d’informations.

Très schématiquement, il s’agit de procéder pour partie à une fermentation intracellulaire en saturant la cuve de CO². La macération est très courte, 4 ou 5 jours tout au plus.

La macération pré-fermentaire à chaud

Une autre technique a vu le jour. Elle consiste à laisser macérer les raisins pendant une douzaine d’heures puis à faire grimper la température de la vendange jusqu’à 60, 70, voir 80°C pendant quelques heures. L’objectif est aussi d’arriver très rapidement à extraire des arômes et de la couleur.

A l’origine, il s’agit d’une technique « réparatrice » utilisée sur de la vendange de médiocre qualité. Les températures élevées détruisent les enzymes oxydatives. Elle présente aussi l’avantage de produire des vins beaucoup plus colorés. Cette technique a ses adeptes car lors de rendements excessifs, ou de millésimes trop difficiles, elle permet de combler un manque de couleur et de structure du vin.

Malheureusement, cette technique est parfois bien trop utilisée. En effet, elle est loin d’être complétement qualitative. Elle engendre des vins mono-aromatiques. Par ailleurs, elle est parfois (sur)utilisée, même lors de millésimes qualitatifs.

Histoire

La dégustation des vins « Nouveaux » puise ses racines dans l’origine même de la consommation de vins. Dans l’Antiquité, la « serva potio » ou « boisson des esclaves » était proposée aux vendangeurs dès le raisin pressé.

Notons qu’au Moyen Age, le vin était mis sur le marché environ 15 jours après la fin des vendanges.

Au XIXème siècle, les producteurs commercialisaient très tôt leurs vins. La fermentation continuait et s’achevait en fûts lors du transport en voiture à cheval, puis en péniche sur la Saône et la Loire. Arrivant enfin à destination, ce vin (qui venait tout juste de finir sa fermentation) proposait ainsi une belle expression de fraîcheur. Les patrons de tavernes mettaient eux-mêmes le vin en bouteille, ou en pot de 46 cl, celui qui deviendra vite le « pot de Beaujolais ». Ce breuvage était alors très apprécié des joueurs de boules lyonnaises.

Le choix dans la date

Officiellement, l’affaire commence en 1946 par l’intermédiaire du député et propriétaire viticole Jean Laborde pour le compte de l’UVB. Demande est faite d’avoir la possibilité de commercialiser des vins en primeurs, entendez avant la date officielle d’autorisation de sortie et mise sur le marché.

En 1951, l’administration fiscale donne son accord. Les mauvaises langues dirent qu’il fallut 5 ans à l’administration fiscale pour prendre sa décision ; le temps de goûter 5 ans de millésimes afin d’être certain de la bonne raison de faire la chose.

Notons qu’à l’époque, cette décision ne concerne pas uniquement le Beaujolais mais aussi les Côtes du Rhône, Mâcon Blanc, Bourgogne grand Ordinaire rouge et blanc, Muscadet et Gaillac. Mais seul le Beaujolais rencontrera un tel succès international.

La date de commercialisation est alors fixée au 13 Novembre. Pendant longtemps, la date officielle est déterminée par l’administration mais reste variable. Par souci de simplification, le 15 Novembre est gravé dans le marbre à partir de 1967. Le Beaujolais primeur sera alors rebaptisé Beaujolais Nouveau.

En 1985, Nouveau changement, on préfère fixer la sortie officielle du Beaujolais Nouveau au 3ème jeudi de novembre.

Du neuf avec du vieux

Historiquement, il faut noter que pendant longtemps le plus gros des volumes de vin étaient consommés en vin Nouveau, c’est-à-dire celui du dernier millésime. Ceci s’explique simplement. En effet, les volumes de chacun des millésimes étaient relativement faibles. Le vin Nouveau était attendu avec grand intérêt car celui de l’année précédente était rapidement fini.

Dans les années 50, le Beaujolais Nouveau est un produit marginal. Il n’a rien d’une stratégie d’entreprise pour les négociants. Le vignoble est en phase de transition, à la fois technique, culturelle et commerciale.

A cette époque, les cafetiers parisiens semblaient plus demandeurs que les vignerons n’étaient vendeurs. Mais finalement, petit à petit, la production a augmenté. Tout le monde y trouva son compte. Le consommateur y trouvait là un Nouveau plaisir. Le vigneron s’assurait, lui, une rentrée rapide de trésorerie.

En 1956, il ne se vend que 13 000 hl de primeur. Les volumes progressent au fur et à mesure que le vignoble se développe, accroissant ainsi son potentiel de production. En 1960, ils atteignent 94 000 hl. Ce niveau n’est cependant pas suffisant pour être incontournable et ancrer définitivement le Beaujolais Nouveau comme vin d’avenir. La production est en fait alors très fluctuante, au gré des difficultés des millésimes.

Age d’Or

En 1959, le Beaujolais s’est doté d’une interprofession, un organisme paritaire, viticulteurs et négoce qui collecte des cotisations auprès des acteurs de la filière et les utilise pour promouvoir les vins. Plus que les viticulteurs qui peuvent difficilement assurer la logistique, c’est essentiellement le négoce qui s’empare de ce marché et ils sont nombreux à l’époque. Parmi eux, un fameux Georges Duboeuf qui fonde sa maison en 1964.

Dans les années 60, le rédacteur en Chef du Daily Mail, décide d’organiser une course. La première caisse de Beaujolais primeur qui arrive à Londres sera récompensée d’un prix prestigieux.

Il aura fallu attendre 1975 pour que le primeur conquît Paris. Le fameux « Le Beaujolais Nouveau est arrivé » allait résonner chaque année comme slogan annonciateur de joie et fête populaire. C’est à l’Assemblée Nationale, sous la présidence d’Egard Faure et le parrainage de Georges Brassens et Mireille Mathieu que la chose fut officialisée…en grande pompe.

Puis notre Beaujolais Nouveau se lança à la conquête du vaste monde. Georges Duboeuf allait orchestrer ça en maître absolu.

Il faut enfin noter que le Beaujolais Nouveau est progressivement devenu un marronnier journalistique.

Le renouveau du Beaujolais Nouveau

Je t’aime moi non plus

Progressivement, à partir des années 1990, 2000, les consommateurs ont commencé à se détourner du Beaujolais Nouveau. En effet, la qualité était de moins en moins au rendez-vous. Les volumes des années fastes 1970, 1980 étaient en baisse. Le consommateur attendait autre chose.

Pour autant, le marketing autour de l’arrivée du Beaujolais Nouveau le troisième jeudi de novembre continuait de fonctionner à plein. Les vignerons avaient trop misé sur le seul Beaujolais Nouveau pour tirer leur développement. Ils en avaient aveuglément abusé. La poule aux œufs d’or n’était plus.

Cet élan populaire est devenu à l’origine de la mauvaise réputation du produit,  car la hausse du volume a conduit à une trop grande variation de qualité puis à une crise, le Beaujolais Nouveau allant jusqu’à représenter 50% de la production régionale dans les années 1980.

En outre, cette (sur)médiatisation du Beaujolais Nouveau faisait de l’ombre aux qualitatifs crus du Beaujolais. Ce qui devait arriver arriva, la production chuta de 50 % dans les années 2000-2010.

Voir la vie en rose

Le boom du rosé a incité les instances viticoles à modifier les décrets d’appellation pour inventer en 2006 le Beaujolais Nouveau rosé. Il est cependant encore relativement confidentiel. En 2019, il représentait environ 14000 hl (2 millions de bouteilles).

Nouveaux vignerons, du neuf pour le Beaujolais Nouveau

Avec les quantités qui reviennent au raisonnable l’intérêt du consommateur semble se faire jour de Nouveau.

En outre, la nouvelle génération de vignerons s’est adaptée. Elle propose toujours dans sa gamme du Beaujolais Nouveau. Le consommateur le réclame et cela assure une rentrée de trésorerie rapide pour le vigneron. Pour autant, ces neo-vignerons ont appris à ne pas tirer sur la corde. Ainsi le Beaujolais Nouveau, avant d’être Nouveau est avant tout élaboré comme un Beaujolais de qualité. Il reste un vin simple, facile d’accès, festif et gouleyant que l’on a plaisir à partager en famille ou entre amis. Mais il est un vin identitaire et représentatif de la qualité de vinification du vigneron.

Si le Beaujolais Nouveau peut encore rester une carte de visite de la gamme du vigneron, il est de moins en moins la poule aux œufs d’or. Et c’est heureux !

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